Mr Jouany ouvre la conférence par des données générales sur les pesticides
en France 60 000 à 80 000 tonnes par an; très peu dégradables. 90 % t utilisés dans l’agriculture et 10 % à usage domestique.
une pomme traitée a reçu en moyenne 37 traitements,une pomme de terre environ17
0,3 % des produits de traitement atteignent la cible recherchée donc 99,7 %se « perdent » dans la nature (on les retrouve dans les sols,l’air et l’eau);on en trouve jusqu’aux régions polaires et à 10000m au fond du pacifique
les études de Phyt’Eauvergne entre 2004 et 2011montrent que tous les bassins versants étudiés dans le Puy de Dôme sont contaminés
L’objectif ECO PHYTO 2018( plan décidé par le Grenelle de l’Environnement en décembre 2007 ) était de réduire de 50 % les pesticides;en fait,on en a répandu 6% de plus!l’objectif a été reporté à 2025!
On en retrouve surtout dans le cordon ombilical des nouveaux nés,dans le lait maternel,les cheveux des enfants (donc dans leur sang)
Une réduction de 40% n’entraine pas de diminution de la production(INRA)
L’agriculture biologique n’utilise pas de pesticides de synthèse;les techniques de rotation de culture,de choix de végétaux adaptés au terroir,d’aménagement diversifié,de lutte biologique…
permettent de s’en passer
Puis le pr Luccarini a abordé l’impact des pesticides sur le cerveau en se basant sur les rapports de l’ANSES du 05 07 2016 concernant les expositions professionnelles(voir l’article du monde.fr du 23 06 2016 )et celui de l’INSERM du 13 06 2013 considérant professionnel et non professionnel
dans la 1ere partie ,il a expliqué les différents types d’études qui ont abouti à un classement de présomption plus ou moins importante des effets chroniques(petites doses répétées) des pesticides sur les maladies du cerveau :
-un lien faible(c’est à dire qu’on a des études qui le prouvent,mais en quantité insuffisante) existe pour les tumeurs du cerveau,la SLA ou maladie de Charcot (maladie « rare »,mais en augmentation)
-une présomption moyenne pour la maladie d’Alzheimer (3 études de cohorte montrent presque un doublement du risque(45 % )par les pesticides) ainsi que pour les troubles cognitifs hors Alzheimer,et les troubles anxio dépressifs(une étude dans le Colorado a montré un risque de dépression multiplié par 6)
-une présomption forte pour la maladie de Parkinson(elle touche 200000personnes en France avec25000 nouveaux cas par an;on la diagnostique (1ers symptômes) en moyenne 10 ans après son début;on retrouve de taux élevés de pesticides dans le cerveau de malades de Parkinson décédés
il est à noter que la présomption forte correspond à la maladie la plus étudiée et pour laquelle on a compris le mode d’action des pesticides,ce qui permet de penser qu’on sous estime beaucoup les effets néfastes de ces molécules
-au niveau de l’exposition professionnelle pendant la grossesse et chez le jeune enfant,(outre les malformations et les avortements),le lien entre pesticides et problèmes de développement du système nerveux a paru différent selon la molécule étudiée:faible avec les organochlorés,moyenne avec les carbamates,fort avec les organophosphorés)
les intoxications aigües par accident provoquent au bout d’un certain temps des altérations du fonctionnement du cerveau(troubles cognitifs ,dépressions)
dans la 2nde partie,il a expliqué comment ces pesticides agissent sur le cerveau:
ce sont des mécanismes complexes au niveau cellulaire provoquant une oxydation ou agissant au niveau de l’ADN
par l’intermédiaire de certains neuromédiateurs(ce sont des substances chimiques nécessaires à la transmission des informations entre les cellules nerveuses )dont
-la sérotonine(sa diminution augmente l’anxiété,la dépression et diminue la mémorisation)
-la dopamine(sa diminution provoque des difficultés à lancer l’activité motrice,et la dépression;,si elle est excédentaire,cela provoque des mouvements involontaires et de la psychose)
-le glutamate
-l’acétylcholine
pour les personnes désirant des détails,ceci est expliqué dans un livre:le cerveau endommagé par Barbara Demeneix paru chez Odile Jacob en 2016
les études ont été faites beaucoup sur le Paraquat ,un herbicide interdit en 2007 mais qu’on retrouve toujours car sa demi-vie est de 3000jours(c’est à dire qu’il faut pratiquement 10 ans pour que la dose qui se retrouve dans l’environnement ait perdu la moitié de son activité,;en pharmacologie,on considère qu’il n’y a plus d’effet apres 5 à 7 demi-vies)
On s’est intéressé au Paraquat en voyant que sa molécule avait une analogie avec le MPTP ,une drogue dont les consommateurs avaient développé des symptômes parkinsonniens
Parmi ces études,l’effet d’un mélange mptp et paraquat a montré des effets non seulement additionnés,mais multipliés;c’est ce qu’on appelle la synergie; qui n’est pas considérée à sa juste valeur dans les problêmes de toxicité:(l’addition de 2 pesticides ou d’un pesticide et d’un autre produit chimique à des doses considérées comme non toxiques peut alors produire des effets beaucoup plus graves que ceux que l’on aurait pu prévoir)
La roténone,insecticide a un mode d’action comparable au paraquat,par l’intermédiaire de la dopamine,mais elle a été interdite en 2009 tolérée chez les agriculteurs jusqu’en 2011 sa demi-vie n’est que de quelques jours;
D’autres familles de pesticides sont susceptibles de provoquer la maladie de Parkinson:
-les dithiocarbamates,fongicides(manèbe mancozèbe ziram thirame…)
le manèbe est synergique avec le paraquat
-les insecticides organochlorés(ddt lindane dieldrine…)
-les insecticides organophosphorés(chlorpyrifos malathion parathion..)
-les insecticides pyréthrinoides(perméthrine)
En conclusion
les pesticides présentent bien un risque pour le cerveau qui est confirmé sur le système de la dopamine,le système nerveux central et la maladie de Parkinson
les insecticides en particulier sont des neurotoxiques(toxicité très importante du fipronil de la famille des phénylpyrazoles utilisé en pipette contre les puces et tiques des chats et chiens)
d’autres études sont nécessaires pour ne négliger aucun risque;il faut tenir compte des faibles doses sur des périodes +ou-longues,des mélanges,de la durée ,des moments d’exposition(pré ou post natal),des effets à long terme,du génotype(sensibilité aux expositions),étudier les marqueurs moléculaires pour faire des prédictions chez l’homme,améliorer les études épidémiologiques
La protection et l’information des professionnels sont insuffisants,les certiphytos sont faits par des conseillers n’ayant que des informations fragmentaires et souvent appartenant à des entreprises
dont les bénéfices commerciaux sont directement dépendants de l’usage de pesticides
(vendeurs de produits phytopharmaceutiques, conseillers d’entreprises de collecte dont les
résultats économiques dépendent de l’usage de pesticides, vétérinaires vendant des
médicaments vétérinaires et des biocides, vendeurs de biocides). Ce constat soulève la
question des conflits d’intérêt dans lesquels s’inscrivent ces prestations.
Les données d’ homologation des produits sont pour une grande partie produites par des organismes non indépendants (ayant un intérêt économique à la vente de pesticides) et soumises au secret industriel;elles ne tiennent pas compte des métabolites(produits de transformation stables) qui sont souvent les plus dangereux
les experts autorisés devraient pouvoir y accéder quand la santé publique est en jeu(notamment article L. 1313-2. du code de la santé publique).
Les données scientifiques,techniques et réglementaires devraient être centralisées et facilement accessibles aux chercheurs , aux associations et au public
Il faut sanctionner la diffusion d’informations visant à minimiser de façon trompeuse les
dangers des produits(voir la condamnation de Monsanto)
Et il faut de toutes façons diminuer l’ usage des pesticides (à noter que l’agriculture raisonnée est une invention des industriels ;elle respecte la loi et le bon sens mais n’a aucun objectif défini de réduction des pesticides)
Références internet
l’ANSES:http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/06/23/les-agriculteurs-premieres-victimes-des-pesticides_4956586_1652692.html
en détail https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2011SA0192Ra.pdf
l’INSERM:on peut télécharger la synthèse et les recommandations(171p.)sur leur site internet de même que le dossier de presse
http://presse.inserm.fr/pesticides-effets-sur-la-sante-une-expertise-collective-de-linserm/8463/
et/ou:http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/4820/Sommaire.html
(voir aussi l’article sur le site alerte des médecins sur les pesticides(AMLP)du 26 05 2017qui aborde la problématique pesticides et santé étendue à l’environnement(c’est à dire à nous autres riverains)
risque accru d’autisme quand la mère a été exposée à certains pesticides pendant sa grossesse:http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/06/23/les-pesticides-pourraient-avoir-un-lien-avec-la-survenue-de-l-autisme_4443252_3244.html
l’enregistrement de la conférence sera mis sur le site
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